Origines et évolutions
Le terme Wu Qin Xi signifie « Jeu des cinq animaux ». Les origines de cette pratique remontent à l’antiquité de la Chine. Déjà, dans les premiers registres d’histoire on mentionne l’utilisation de pratique gymnique dans le but de traiter les maladies. C’est le cas dans Les Anales des printemps et automnes de Lü Buwei, ministre de Qin au IIIe siècle avant notre ère. On y relate la création de techniques corporelles afin de remédier aux problèmes de santé qui courraient à cette l’époque :
« Jadis, au début du règne de Tao Tang[1], le yin était en excès, stagnations et accumulations abondaient, les voies d'eau bouchées et obstruées s'écoulaient difficilement depuis leur source, c'est pourquoi le souffle des individus était ramassé et stagnant, les tendons et les os contractés s'étiraient mal. On créa donc des danses (wu) pour conduire harmonieusement ( lidao 利导 ) les souffles»
Cette mention de « danse » exécutée dans le but de « conduire harmonieusement les souffles » relate les premiers balbutiements du Qigong, autrefois nommé Daoyin 导引, terme qui signifie littéralement « conduire et guider » (les énergies). Or, ces formes d’exercices combinant gymnastique et respiration étaient souvent inspirées du mouvement des animaux. À cet effet, on retrouve d’autres mentions de dans les textes anciens. Par exemple, dans le Zhuangzi, texte datant du sixième siècle avant notre ère, il est écrit :
« Expirer les sons chui et xu, cracher l’ancien souffle et absorber le nouveau, imiter l’ours se suspendant à l’arbre ou l’oiseau prenant son envol, tel est l’idéal de ceux qui veulent entretenir leur corps par le daoyin et sont de la même veine que Pengzu, qui vécut plus de huit cents ans. »
Ce passage du Zhuangzi est la première mention de mouvements d’animaux effectués entant que pratique de daoyin dans le but d’entretenir la santé.
Un autre document plus tardif, celui de la charte du Daoyin (daoyintu), découvert en 1973 dans le tombeau no.3 de Mawangdui dans le Hunan, permet d’attester que des exercices gymniques inspirés de mouvement animaliers étaient largement pratiqué dans l’antiquité chinoise dans le but de préserver la santé. Effectivement, sur ce document daté de 246 à 177 avant notre ère, on retrouve plus d’une quarantaine d’illustrations de postures à côté desquelles ce trouve une inscription. Ces dernières font référence soit à l'indication thérapeutique du mouvement (troubles du système locomoteur et du système digestif essentiellement, maladie génitale, surdité, douleurs du genou, maladie épidémique), soit à la ressemblance de la posture avec un animal: le loup, l'ours, le singe, la grue, le dragon ou le faucon.
Les 5 animaux de Huatuo
On attribue la création du Wu Qin Xi à Huatuo, célèbre médecin de la dynastie des Han. Dans les Chroniques des trois royaumes de Chen Shou, dans la biographie de Huatuo on mentionne : « J’ai une technique qui s’appelle le Wu Qin Xi ; le premier s’appelle le tigre, le deuxième le cerf, le troisième l'ours, le quatrième le singe, et le cinquième l’oiseau ; elle sert à chasser les maladies et elle est bénéfique pour les membres inférieurs ». Un passage similaire se retrouve également dans le Livre des Han postérieur attribué à Fan Ye de les Dynasties du Sud et du Nord (420-589). Malheureusement, ces mentions du Jeu des cinq animaux n’étaient pas accompagnées de description des mouvements.
Il faudra attendre les Dynastie du Sud et du Nord (420-589), dans un ouvrage écrit par le célèbre médecin Tao Hongjing intitulé « Registre pour entretenir la santé et prolonger la vie », pour retrouver une description plus détaillés des exercices du Jeu des cinq animaux. Comme il n’y a que 300 ans entre la fin de l’époque de Hua Tuo (25-220) et celle de Tao Hongjing, on penser qu’il s’agit de la version la plus proche de l’origine.
On retrouve des descriptions détaillées des mouvements du Jeu des cinq animaux accompagnés d’illustrations dans des écris pour tardifs, notamment ceux de Zhou Lüjing de la dynastie des Ming (1368-1644), intitulé La Moelle du Phénix Rouge », le Livre de l’immortalité de Cao Wuji, de la dynastie des Qing (1644-1911) et les Illustration de la méthode des cinq animaux, de Xi Xifen, de la même dynastie. Les descriptions que l’on retrouve dans ces ouvrages sont toutes assez différentes de celles présentées dans l’ouvrage de Tao Hongjing, en plus de divergences observables dans les mouvements, l’ordre de l’enchainement des différents animaux varie également d’une version à l’autre. Cependant, ces textes décrivent les mouvements avec précisions, en plus de donner des explications sur l’état d’esprit propre à la pratique et les principes de la circulation du Qi et du sang. C’est documents constituent donc un héritage de grande valeur et une source d’information précieuse pour tous ceux désirant approfondir leur compréhension du Wu Qin Xi.
À travers les temps, il s’est développé plusieurs versions différentes du Wu Qin Xi, chacune de ces versions possèdent leurs caractéristiques et leurs styles propres. Dans l’ensemble, ces versions consistent toutes en des techniques de Daoyin créer à la base des mêmes mouvements des 5 animaux, auxquels ont ajouté des éléments issues de l’expérimentations personnelles des auteurs, pratiquée dans le but d’exercer les tendons et les os, de faire circuler le Qi et le sang, prévenir et traiter les maladies, renforcer le corps et prolonger la vie. Parmi ces versions, on peut identifier deux grandes catégories. La première, que l’on nomme une pratique de style externe, met l’emphase sur les mouvements des membres et le renforcement du corps, alors que la deuxième, de type interne, met davantage l’accent sur l’imitation de l’état d’esprit des animaux, le travail mental et la circulation de l’énergie interne. D’autres variations encore, mettent l’emphase sur des pratiques « dures », avec des techniques d’automassages pour la santé, des techniques martiales comme la boxe des cinq animaux, etc. Finalement, d’autres pratiques composées de techniques « souples », mettront l’emphase sur l’aspect esthétique des mouvements, l’élégance et la vigueur, ce que l’on appelle la danse des cinq animaux.
Les 5 animaux du Qigong pour la santé – Jianshen Qigong Wu Qin Xi
La version du Wu Qin Xi mise de l’avant par l’Association Chinoise du Qigong pour la Santé (jianshen qigong 健身气功) se base sur l’ordre établi dans la biographie de Hua Tuo que l’on retrouve dans Les chroniques des trois royaumes. Ses mouvements sont simples et faciles à apprendre. Le nombre des mouvements est basé sur la description faite par Tao Hongjing dans laquelle on retrouve un total de dix mouvements, soit deux mouvements pour chaque animal. De plus, on y a aussi rajouté au commencement et à la fin, l’ouverture composée de la régularisation de la respiration et la fermeture qui consiste à « retourner le Qi à la source ». Dans son ensemble, cette routine forme un tout et évoque bien l’unité du corps, de l’esprit et du Qi qui forme le cœur de cette pratique. Les mouvements sont accessibles à un public de tous âges. Le matériel d’enseignement récupère la quintessence des documents anciens auxquels s’ajoutent certains compléments tirés concepts récents d’anatomie et de physiologie. L’élaboration des mouvements a été fait en se basant sur des caractéristiques tels que l’esthétisme, les connaissances issues de la kinésiologie et de la physiologie, en plus de d’intégrer les principes de la médecine traditionnelle chinoise et de l’acupuncture. Elle s’inspire du comportement et de l’esprit des animaux, auxquels on associe à la théorie chinoise traditionnelle du yin et du yang, des cinq agents, des organes et des méridiens. Ainsi, chaque mouvement comporte des bienfaits particuliers et des modes d’actions qui leurs sont propres.
Les mouvements de 5 animaux sont conçus pour rappeler la force et le courage du tigre, la sérénité et le calme du cerf, la stabilité et l’enracinement de l’ours, la souplesse et l’agilité du singe, l’élégance et la légèreté de l’oiseau. Tous les mouvements sont imprégnés des principes selon lesquels le corps et l’esprit sont unifié, l’esprit et le Qi correspondent mutuellement et l’interne et l’externe forme une unité.
Les 5 animaux, c’est aussi une pratique qui nous amène à délaisser le sérieux du quotidien et renouer avec l’esprit de la nature. Tout cela font du Qigong des 5 animaux une pratique intéressante, agréable et ô combien bénéfique!
Bonne découverte!
Olivier Meunier
(1) Empereur légendaire de l’époque dite des Cinq Empereurs, qui, réputé pour sa vertu, aurait régné entre les 24e et 23e s. A.C
Le terme Wu Qin Xi signifie « Jeu des cinq animaux ». Les origines de cette pratique remontent à l’antiquité de la Chine. Déjà, dans les premiers registres d’histoire on mentionne l’utilisation de pratique gymnique dans le but de traiter les maladies. C’est le cas dans Les Anales des printemps et automnes de Lü Buwei, ministre de Qin au IIIe siècle avant notre ère. On y relate la création de techniques corporelles afin de remédier aux problèmes de santé qui courraient à cette l’époque :
« Jadis, au début du règne de Tao Tang[1], le yin était en excès, stagnations et accumulations abondaient, les voies d'eau bouchées et obstruées s'écoulaient difficilement depuis leur source, c'est pourquoi le souffle des individus était ramassé et stagnant, les tendons et les os contractés s'étiraient mal. On créa donc des danses (wu) pour conduire harmonieusement ( lidao 利导 ) les souffles»
Cette mention de « danse » exécutée dans le but de « conduire harmonieusement les souffles » relate les premiers balbutiements du Qigong, autrefois nommé Daoyin 导引, terme qui signifie littéralement « conduire et guider » (les énergies). Or, ces formes d’exercices combinant gymnastique et respiration étaient souvent inspirées du mouvement des animaux. À cet effet, on retrouve d’autres mentions de dans les textes anciens. Par exemple, dans le Zhuangzi, texte datant du sixième siècle avant notre ère, il est écrit :
« Expirer les sons chui et xu, cracher l’ancien souffle et absorber le nouveau, imiter l’ours se suspendant à l’arbre ou l’oiseau prenant son envol, tel est l’idéal de ceux qui veulent entretenir leur corps par le daoyin et sont de la même veine que Pengzu, qui vécut plus de huit cents ans. »
Ce passage du Zhuangzi est la première mention de mouvements d’animaux effectués entant que pratique de daoyin dans le but d’entretenir la santé.
Un autre document plus tardif, celui de la charte du Daoyin (daoyintu), découvert en 1973 dans le tombeau no.3 de Mawangdui dans le Hunan, permet d’attester que des exercices gymniques inspirés de mouvement animaliers étaient largement pratiqué dans l’antiquité chinoise dans le but de préserver la santé. Effectivement, sur ce document daté de 246 à 177 avant notre ère, on retrouve plus d’une quarantaine d’illustrations de postures à côté desquelles ce trouve une inscription. Ces dernières font référence soit à l'indication thérapeutique du mouvement (troubles du système locomoteur et du système digestif essentiellement, maladie génitale, surdité, douleurs du genou, maladie épidémique), soit à la ressemblance de la posture avec un animal: le loup, l'ours, le singe, la grue, le dragon ou le faucon.
Les 5 animaux de Huatuo
On attribue la création du Wu Qin Xi à Huatuo, célèbre médecin de la dynastie des Han. Dans les Chroniques des trois royaumes de Chen Shou, dans la biographie de Huatuo on mentionne : « J’ai une technique qui s’appelle le Wu Qin Xi ; le premier s’appelle le tigre, le deuxième le cerf, le troisième l'ours, le quatrième le singe, et le cinquième l’oiseau ; elle sert à chasser les maladies et elle est bénéfique pour les membres inférieurs ». Un passage similaire se retrouve également dans le Livre des Han postérieur attribué à Fan Ye de les Dynasties du Sud et du Nord (420-589). Malheureusement, ces mentions du Jeu des cinq animaux n’étaient pas accompagnées de description des mouvements.
Il faudra attendre les Dynastie du Sud et du Nord (420-589), dans un ouvrage écrit par le célèbre médecin Tao Hongjing intitulé « Registre pour entretenir la santé et prolonger la vie », pour retrouver une description plus détaillés des exercices du Jeu des cinq animaux. Comme il n’y a que 300 ans entre la fin de l’époque de Hua Tuo (25-220) et celle de Tao Hongjing, on penser qu’il s’agit de la version la plus proche de l’origine.
On retrouve des descriptions détaillées des mouvements du Jeu des cinq animaux accompagnés d’illustrations dans des écris pour tardifs, notamment ceux de Zhou Lüjing de la dynastie des Ming (1368-1644), intitulé La Moelle du Phénix Rouge », le Livre de l’immortalité de Cao Wuji, de la dynastie des Qing (1644-1911) et les Illustration de la méthode des cinq animaux, de Xi Xifen, de la même dynastie. Les descriptions que l’on retrouve dans ces ouvrages sont toutes assez différentes de celles présentées dans l’ouvrage de Tao Hongjing, en plus de divergences observables dans les mouvements, l’ordre de l’enchainement des différents animaux varie également d’une version à l’autre. Cependant, ces textes décrivent les mouvements avec précisions, en plus de donner des explications sur l’état d’esprit propre à la pratique et les principes de la circulation du Qi et du sang. C’est documents constituent donc un héritage de grande valeur et une source d’information précieuse pour tous ceux désirant approfondir leur compréhension du Wu Qin Xi.
Illustration des cinq animaux dans La Moelle du Phénix Rouge de Zhou Lüjing.
À travers les temps, il s’est développé plusieurs versions différentes du Wu Qin Xi, chacune de ces versions possèdent leurs caractéristiques et leurs styles propres. Dans l’ensemble, ces versions consistent toutes en des techniques de Daoyin créer à la base des mêmes mouvements des 5 animaux, auxquels ont ajouté des éléments issues de l’expérimentations personnelles des auteurs, pratiquée dans le but d’exercer les tendons et les os, de faire circuler le Qi et le sang, prévenir et traiter les maladies, renforcer le corps et prolonger la vie. Parmi ces versions, on peut identifier deux grandes catégories. La première, que l’on nomme une pratique de style externe, met l’emphase sur les mouvements des membres et le renforcement du corps, alors que la deuxième, de type interne, met davantage l’accent sur l’imitation de l’état d’esprit des animaux, le travail mental et la circulation de l’énergie interne. D’autres variations encore, mettent l’emphase sur des pratiques « dures », avec des techniques d’automassages pour la santé, des techniques martiales comme la boxe des cinq animaux, etc. Finalement, d’autres pratiques composées de techniques « souples », mettront l’emphase sur l’aspect esthétique des mouvements, l’élégance et la vigueur, ce que l’on appelle la danse des cinq animaux.
Les 5 animaux du Qigong pour la santé – Jianshen Qigong Wu Qin Xi
La version du Wu Qin Xi mise de l’avant par l’Association Chinoise du Qigong pour la Santé (jianshen qigong 健身气功) se base sur l’ordre établi dans la biographie de Hua Tuo que l’on retrouve dans Les chroniques des trois royaumes. Ses mouvements sont simples et faciles à apprendre. Le nombre des mouvements est basé sur la description faite par Tao Hongjing dans laquelle on retrouve un total de dix mouvements, soit deux mouvements pour chaque animal. De plus, on y a aussi rajouté au commencement et à la fin, l’ouverture composée de la régularisation de la respiration et la fermeture qui consiste à « retourner le Qi à la source ». Dans son ensemble, cette routine forme un tout et évoque bien l’unité du corps, de l’esprit et du Qi qui forme le cœur de cette pratique. Les mouvements sont accessibles à un public de tous âges. Le matériel d’enseignement récupère la quintessence des documents anciens auxquels s’ajoutent certains compléments tirés concepts récents d’anatomie et de physiologie. L’élaboration des mouvements a été fait en se basant sur des caractéristiques tels que l’esthétisme, les connaissances issues de la kinésiologie et de la physiologie, en plus de d’intégrer les principes de la médecine traditionnelle chinoise et de l’acupuncture. Elle s’inspire du comportement et de l’esprit des animaux, auxquels on associe à la théorie chinoise traditionnelle du yin et du yang, des cinq agents, des organes et des méridiens. Ainsi, chaque mouvement comporte des bienfaits particuliers et des modes d’actions qui leurs sont propres.
Les mouvements de 5 animaux sont conçus pour rappeler la force et le courage du tigre, la sérénité et le calme du cerf, la stabilité et l’enracinement de l’ours, la souplesse et l’agilité du singe, l’élégance et la légèreté de l’oiseau. Tous les mouvements sont imprégnés des principes selon lesquels le corps et l’esprit sont unifié, l’esprit et le Qi correspondent mutuellement et l’interne et l’externe forme une unité.
Les 5 animaux, c’est aussi une pratique qui nous amène à délaisser le sérieux du quotidien et renouer avec l’esprit de la nature. Tout cela font du Qigong des 5 animaux une pratique intéressante, agréable et ô combien bénéfique!
Bonne découverte!
Olivier Meunier
(1) Empereur légendaire de l’époque dite des Cinq Empereurs, qui, réputé pour sa vertu, aurait régné entre les 24e et 23e s. A.C