La
routine Les 12 pièces de brocart est
l’une des nouvelles méthodes rédigées par le Centre de Jianshen Qigong du
Bureau des Sports de Chine, à partir des recherches effectuées par l’Université
des sports de Pékin. Cette nouvelle méthode conserve l’essence des différentes
versions préexistantes, tout en renforçant l’exercice du cou, des épaules, des
lombes et des jambes. C’est une méthode assise qui travaille le corps dans son ensemble
selon des enchaînements fluides et cadencés. En elle, se retrouvent fusionnés
les principes traditionnels de la culture du corps (Xiu Shen), de l’entretien
de la vitalité (Yang Xing) et de la contemplation méditative, auxquels se
rajoutent les aspects esthétique et récréatif. Les mouvements sont gracieux,
ininterrompus, simples et faciles à maîtriser. Ainsi, elle convient à un large
public. En Chine, on lui attribut depuis des siècles de nombreux bienfaits
comme ceux de renforcer le corps, d’éviter les maladies et de favoriser la
longévité.
Les 12 pièces de brocart est une série
d’exercices traditionnels issue de l’antiquité. On nomme cette routine de 12
exercices « brocart », parce que les mouvements sont complets et bien
ficelés, telle une pièce de tissu de grande valeur.
On
repère la première apparition du terme « 12 pièces de brocart » (shi er duan jin 十二段锦)
dans un texte de l’époque Qianlong[1]
de la dynastie des Qing (1644-1911). Toutefois, on retrouve le contenu de cette
méthode décrit pour la première fois dans un texte intitulé « Les huit
pièces de brocart de Zhong Li »[2]décrivant
une méthode qui serait apparue bien plus tôt, durant l’époque de la dynastie
des Song du Nord (960-1127).
Au
cours des siècles qui suivirent, plusieurs auteurs ont repris les exercices « Les
huit pièces de brocart de Zhong Li » en y ajoutant diverses spécifications
et précisions. Les multiples apparitions de cette méthode sous des noms variés démontrent
toute l’importance qu’on y attachait déjà
à cette époque. . Il faudra attendre la dynastie des Qing, alors qu’un dénommé
Xu Wen Bi propose une version plus détaillée, divisée en 12 fiches illustrées,
qu’il nomma les « 12 pièces de brocart ». Cette méthode sera publiée
à nouveau en 1881 dans « Ouvrage illustré du travail interne (neigong) » et c’est à ce moment que
la méthode connaîtra sa plus large diffusion.
La
version des 12 pièces de brocart publiée par l’Association de Jianshen Qigong
de Chine est fondée à même les versions traditionnelles des « 8 pièces de
brocart de Zhong Li » et des « 12 pièces de brocart ». Elle en
conserve les caractéristiques essentielles, tout en les réorganisant en une
routine fluide et continue, dont l’enseignement et la pratique sont plus
adaptés à la réalité d’aujourd’hui.
Cette
routine se distingue du fait qu’elle combine plusieurs techniques variées en un
tout cohérent. Effectivement, on retrouve dans ces 12 exercices, tant des
mouvements gymniques d’étirement et de rotation que des techniques méditatives
statiques, auxquels se rajoutent des techniques d’automassage. Dans son
ensemble, la pratique de cette méthode aura donc de nombreux effets tels que celui
de travailler en profondeur l’ensemble des parties du corps, de calmer le
mental et stabiliser l’esprit ainsi que de fortifier et harmoniser les organes
internes.
Comme
toutes les méthodes promues par l’Association de Jianshen Qigong de Chine, elle
comporte sa propre musique
d’accompagnement, avec ou sans pratique guidée vocalement. Il devient donc très
facile de l’intégrer dans son quotidien pour bénéficier des plus grands
bienfaits!
Les
caractéristiques du Shi Er Duan Jin
1.
Correspondance
du corps et de l’esprit, unification de la respiration et du mouvement.
La
correspondance entre le corps et l’esprit désigne le fait d’utiliser le mental
afin d’initier les mouvements du corps, et ainsi, unifier le corps et l’esprit
durant le processus de la pratique. Ce que l’on entend par
« esprit », ce sont les activités mentales qui ont cours durant la
pratique. Tout mouvement nécessite la participation de la conscience ou du
subconscient. Durant la pratique du Qigong, les activités mentales doivent être
intimement liées aux caractéristiques et aux exigences des mouvements. Dès
lors, il devient possible au pratiquant d’entrer dans un état de relaxation
physique et mental, de stabiliser ses émotions, d’éliminer les distractions et
d’ainsi directement susciter la libre circulation du Qi, débloquer les
méridiens correspondant et favoriser les fonctions organiques.
La
pratique du Shi Er Duan Jin requiert que la pensée s’ajuste et s’enchaîne au
même rythme que l’enchaînement des mouvements. C’est-à- dire, que l’attention
doit se concentrer sur les spécifications, principes directeurs et points
essentiels de chacun des mouvements. En même temps, cette routine demande
également au pratiquant de porter une attention particulière aux transitions
des mouvements. Par exemple, dans les
mouvements, « supporter le ciel et presser le vertex » et
« incliner le corps pour toucher ses pieds », il importe de porter
l’attention sur l’exécution des mouvements alors que pour les
mouvements « secoueur le pilier céleste » et « les mains
enserrent la tête (Kunlun) », il importe de se concentrer sur le point
Dazhui (14 VG), ce qui favorise la concentration et permet de garder
l’attention vers l’intérieur. Cependant,
le niveau de concentration doit être adéquat. Si l’attention est trop fixée,
cela peut entraîner des inconforts physiques, jusqu’à freiner la libre
circulation du Qi et du Sang. L’attention doit « paraître fixé sans l’être
vraiment, ininterrompue et paisible », ce qui permet de fusionner le corps
et l’esprit en un tout.
L’unification
du mouvement et de la respiration demande que, lors de la pratique, les
mouvements soient combinés harmonieusement à la respiration, en insistant sur
le fait que ceux-ci doivent assister la respiration. En
fait, les mouvements doivent s’accorder au mouvement interne du Qi. Des
mouvements souples, lents, réguliers et ininterrompus vont favoriser une
respiration qui soit fine, régulière, longue et profonde. Par exemple, dans le
mouvement « masser le ventre vers l’avant », on utilise une
respiration inversée, accompagné de la respiration en soulevant le périnée. On inspire lorsque l’on frotte vers le haut,
puis on expire lorsque l’on frotte vers le bas. De cette façon, on peut masser
efficacement le foie, la rate, l’estomac et autres organes de l’abdomen. Ceci
améliore la circulation du sang et des liquides organiques et stimule le
métabolisme, en plus de régulariser et d’améliorer les fonctions organiques.
2.
Alternance
du mouvement et de la stabilité, entretient du corps et de l’esprit.
L’alternance
du mouvement et de la stabilité fait principalement référence au fait que le
Shi Er Duan Jin contient des exercices mobiles et immobiles. Stabilité et le
mouvement sont habilement combinés, ce qui s’accorde au principe selon lequel
il y a « stabilité dans le mouvement et mouvement dans la stabilité,
mobiles et immobiles s’engendrent mutuellement, le Yin et le Yang sont
unifiés ». On dit « le corps
est la demeure de l’esprit », c’est donc que ces deux aspects sont
interdépendant et soutiennent mutuellement.
Tout
les spécialistes du Yangsheng des générations passées soutenaient qu’il faut
pratiquer à la fois les techniques mobiles et immobiles, sans négliger ni une
ni l’autre. Les théories traditionnel de l’entretient de la santé accordaient
énormément d’importance le principe d’ « entretenir à la fois
l’intérieur et l’extérieur » et de « nourrir conjointement le corps
et l’esprit ». D’un côté, « la statique nourrie l’esprit, elle évite
les dépenses », de l’autre, « le mouvement entretiennent le corps,
mais ne doit pas être excessif ». Seulement de cette façon, on peut
atteindre les objectifs de l’état renforcir les membres à l’extérieur, de
détendre les organes et harmoniser l’état d’esprit à l’intérieur, dégager les
méridiens et libérer la circulation du Qi et du Sang.
3.
Met
l’emphase sur les étirements et le massage.
Dans
le processus de la pratique, on étire pleinement les membres en intégrant la
respiration et la visualisation. Dans un passage du Zhuangzi, il est dit :
« expulser l’anciens et absorber le nouveau, se mouvoir comme de l’ours et
s’étirer comme l’oiseau ». Li Yi de la dynastie de Jin, explique le Dao
Yin de cette façon : « Guider le Qi pour l’harmoniser, étirer les
membres pour les assouplir ». Ceci démontre à toute l’importance qu’on
accorde à l’étirement du corps dans les pratiques traditionnelles d’entretient
de la santé.
Le
Shi Er Duan Jin va, en ayant la colonne vertébrale point centre, au moyen de
mouvement de flexion et d’extension, de rotation et autres étirements, va
exercer l’ensemble des muscles, articulations, ligaments. Il aura un effet
particulier pour l’assouplissement des tendons et articulations, le
renforcement des muscles et des os, et permettra ainsi de tonifier la forme
physique en générale.
À
travers la pratique, on met l’emphase sur le massage de parties spécifiques du
corps. Le massage est une composante important de la médecine traditionnelle
chinoise. À travers la stimulation de certains points et méridiens spécifiques,
on favorise l’équilibre du yin et du Yang dans le corps, en plus de favoriser
la circulation du Qi et du Sang.
Dans
les « dix techniques à pratiquer régulièrement » de l’entretient de
la santé, on retrouve des conseils tels que « régulièrement claquer les
dents », « masser régulièrement l’abdomen », « avaler
régulièrement la salive ». La médecine traditionnelle chinois considère
les dents comme « l’excédant des os ». Donc, souvent claquer les
dents pourrait renforcer les os et fortifier les dents. Le massage de
l’abdomen, quant à lui, permet au moyen de la stimulation du ventre et des
méridiens, de favoriser les fonctions associées, plus particulièrement, de
détendre le Foie, régulariser le Qi, réchauffer ainsi que tonifier la Rate et
les Reins.
En
médecine chinoise, on considère la salie comme « l’excédant des
Reins ». C’est un liquide précieux que l’on surnomme « la liqueur de
jade ». Régulièrement avaler la salive pourrait donc apaiser les organes
internes et favoriser la santé. Le « tambour céleste » et le
« massage des points Jingmen » sont également des techniques de
massage préventif issues de la médecine chinoise. Le Tambour céleste peut
stimuler le cerveau et concentrer l’esprit, dégager les oreilles et clarifier
les yeux. Le massage des lombaires peut réchauffer et faire circuler les
méridiens, tonifier et enrichir le Qi des Reins, ce qui peut prévenir les
douleurs lombaires, l’impuissance, les dysménorrhées et autres symptômes.
Dans
le Shi Er Duan Jin, le 2e exercice « Claquer les dents et faire
résonner le tambour », le 8e « Masser Jingmen dans le
dos », le 9e « Masser le ventre et l’abdomen », la 12e « se
gargariser et avaler la salive » sont toutes des techniques
traditionnelles d’entretient de la santé.
[1] (Hist.)
Qian long : nom de règne [ 年号 nián hào] (1736-1796) de
l’empereur 高宗 Gao Zong (1736-1795), dyn. 清 Qing (1644-1911).
[2]
Zhong Li fait référence au maître taoïste semi-légendaire Zhong
Li Quan, fondateur de l’école 钟呂 Zhong Lü, considéré par les
taoïstes comme l’un des Huit Immortels (八仙 bā xiān).
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